Motocross des Nations à Kegums : victoire incontestée de la France

Fin de saison en apothéose pour le Motocross français. Après le titre mondial MX2 décroché par Jordi Tixier, la France remporte le MX des Nations 2014. Le deuxième trophée Chamberlain après celui conquis en 2001, à Namur, en l’absence de sélection des Etats-Unis endeuillés par les attentats du 11 septembre.

Cette fois, rien ne viendra « dévaluer » ce triomphe. Les Bleus ont su allier performance et régularité au contraire des autres nations rangées favorites, team US compris. Aucun fait de course, aucune chute ne sont venus entraver la bonne marche de nos représentants. Le rêve !!!

Mission accomplie

Gautier Paulin, en feu, s’est montré le chef de file que nous attendions qu’il soit. En piste, mais également dans les paddocks ou devant les médias. Depuis son retour à la compétition, l’officiel Monster Kawasaki n’avait de cesse de monter en puissance jusqu’à remporter le dernier GP de la saison (Mexique). On sentait clairement que l’évènement était devenu son unique objectif. Sorte de compensation - non négligeable - à une campagne mondiale ternie trop tôt et trop longtemps par une blessure au pouce.

Le Varois n’a en aucun point déçu, réussissant ses envols et remportant autoritairement les deux courses qu’il avait à disputer. Le titre (officieux) de meilleur pilote sur l’épreuve qu’il décroche est des plus logiques à la vue de ses prestations.

Steven Frossard (Kawasaki) a, de son côté, parfaitement endossé le rôle d’équipier modèle. Le rôle du pilote chargé d’enregistrer deux très bonnes places pour pallier à toute défaillance d’un des autres membres de l’équipe. L’habituel attaquant qu’il est s’est mué en vrai gestionnaire à défaut de jouer la gagne. Un sacrifice payant pour le team et récompensé, pour lui-même, par la première place de la catégorie Open (2e/4e).

Enfin, Dylan Ferrandis, aligné en MX2, pour son baptême du feu dans cet évènement si particulier, s’est montré exemplaire en limitant les dégâts parmi les machines de plus grosse cylindrée. Une tâche qui s’avérait d’autant plus difficile que le pilote Monster Kawasaki CLS offrait sciemment la meilleure place derrière la grille de départ à ses collègues. Histoire qu’ils s’assurent un départ en tête. Pari réussi !

Condamné à s’élancer dans le peloton, l’Avignonnais s’est armé de patience et de ténacité. Son aisance de pilotage dans la silice a fait le reste pour arracher la neuvième place, par deux fois. Sans cette concession, il aurait été intéressant de voir son comportement face au très rapide Cairoli (en MX2 pour cette course) ou Tommy Searle, l’Anglais vainqueur de la cylindrée (8e/4e).

Au moment de l’annonce de la sélection française, le choix de Ferrandis avait quelque peu étonné, se voyant préféré à Tixier ou Febvre, pourtant mieux classés que lui au provisoire du Mondial MX2. Le jeune homme a balayé les doutes sur ses capacités à répondre présent le jour J et à travailler en équipe.

Au moins, cette année, personne ne reprochera ses choix à Olivier Robert, notre sélectionneur et entraîneur national. Surtout pas ceux qui l’avaient tant critiqué au lendemain de l’édition 2013 et la contre-performance de l’Equipe de France.

Eléments déterminants

Si la France a répondu aux attentes, il ne faut pas oublier tout de même que certaines absences ont limité les chances d’autres pays. Entre autres exemples, la Belgique (victorieuse en 2013) se passait de Clément Desalle (blessé) et l’Allemagne (lauréate en 2012) de Ken Roczen (focalisé sur son passage chez Suzuki).

Pour autant, objectivement, on peut penser que, s’ils avaient été là, le résultat final aurait pu être identique, avec une Marseillaise retentissant en fin de journée. Assurément, l’affaire aurait été plus corsée mais tout à fait réalisable.

La Belgique au rendez-vous

Finalement, nation la plus constante derrière nos protégés, la Belgique se classe deuxième du MXDN 2014. Jérémy Van Horebeek (Yamaha), sans être transcendant, a répondu présent (2e/4e). Julien Lieber (KTM), pour sa première participation à l’évènement, a sans doute été un ton en dessous (11e/15e) mais il a contribué à ce podium. Et, en définitive, la petite faute de Kevin Strijbos (Suzuki), en dernière manche, n’a pas eu de conséquences (1er/9e), vu le sans-faute gaulois et les résultats anglais et américains.

Au forceps

Les USA ont, en effet, souffert et ont dû s’arracher pour accéder au podium. Ils ont même dû compter sur une bonne dose de chance. Celle qui a abandonné la Grande Bretagne dans la 3e manche (abandon sur casse de chaîne pour Simpson) alors que, jusque là, les hommes au service de sa Majesté effectuaient un beau parcours. Et tenaient la dernière marche du podium.

Les représentants de l’Oncle Sam ont aussi été affectés. Notamment par des chutes expliquant leurs résultats. Mais on ne peut affirmer qu’ils se soient montrés ultra dominateurs et inspirés par ailleurs. D’un coup, leur troisième place finale tient valeur d’exploit

Exploit car Kegums est connu pour être piégeux et réclamer son lot de victimes. Le circuit l’a encore été au détriment de Marc De Reuver, d’Antonio Cairoli (genou) ou du pauvre Jérémy Martin (doigts de pied fracturés dans une chute en qualif). S’il y avait une palme du courage, elle aurait sans doute été décernée à ce dernier puisque le Champion US MX2 a roulé ainsi meurtri (11e/13e).

Exploit car il est également vrai que sans Ryan Villopoto, la référence américaine actuelle, cela se compliquait pour eux face à des Européens morts de fin et en terrain connu. Les pilotes sélectionnés sont pourtant de (grande) valeur mais, sans doute, plus supérieurs aux concurrents du Vieux Continent.

Si nous comprenons qu’il ne faut pas juger les prestations de Martin (Yamaha) telles qu’elles sont, le comportement de Ryan Dungey (KTM) a, par contre, bien plus déçu (2e/11e). Seul Eli Tomac (Honda), le malheureux animateur du MXDN 2013, a montré un peu de folie lors de l’affrontement MXGP/Open mais cela était consécutif à une chute au premier tour.

Son extrême vélocité lui a permis de remonter le peloton mais guère plus. Aurait-il « disjoncté » ainsi s’il s’était élancé aux avant-postes ? Aurait-il atomisé la concurrence ? On ne peut l’affirmer.

P….. douze mois !!!!

Après l’Allemagne, la Belgique, la France montre que le niveau entre les nations des deux côtés de l’Atlantique s’est équilibré. Pour notre plus grand plaisir.

On a hâte, dès lors, d’être à 2015 car la confrontation se tiendra, cette fois, sur nos terres, à Ernée. Comme l’Allemagne à Teutschenthal, la France arrivera avec les plaques 1, 2 et 3. De quoi amener une pression supplémentaire à celle qui existera déjà. Une pression excessive ? Certainement.

Mais cela sera également une émulation entre nos meilleurs pilotes pour faire partie de l’équipe, le moment venu. Entre ceux ayant amené cette victoire et revendiquant une certaine légitimité pour la défense du titre et ceux ayant été écartés sans forcément démériter au cours de la saison.

Un surcroît de motivation qui va les pousser, on l’espère, à se surpasser pour empiler victoires et titres l’année prochaine.