SHOYA TOMIZAWA : Salut l’Artiste !
Notre envoyé spécial, Christian Coueille a suivi la carrière du jeune Shoya Tomizawa depuis son arrivée en France. Ici, le pilote Japonais lors des « days of champions » sur le circuit de Donington en 2009. Non loin de lui, Gilles Bigot le chef mécano du team Technomag CIP. |
Shoya Tomizawa , le tout jeune (19ans) pilote japonais du Team Technomag-Cip cher à Alain Bronec est décédé le 4 septembre 2010, suite à sa terrible chute lors du GP Moto 2 de San Marin à Misano. Tout le monde a pu voir les images et c’ est malheureusement la triste réalité .
Une réalité d’ autant plus inacceptable concernant un garçon plein de vie comme l’ était Shoya . C’ est à ce Shoya là qui aura marqué en à peine 1 an et demi tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer que Cybermotard tient à rendre hommage dans ces quelques lignes au travers notamment de quelques anecdotes .
Le 1er mot qui vient à l’ esprit de toute personne l’ ayant connu à l’ évocation de Shoya Tomizawa est « sympa », voire « marrant » .
Effectivement on n’ a tous concernant Shoya que des souvenirs de rigolade , de grosse « déc…nne » , de blagues d’ un gamin nature et attachant .C’est en même temps un peu réducteur car Shoya ce n’ était pas que cela . Au-delà de ses talents de clown, c’ était un authentique grand professionnel doté d’ une volonté , d’ un talent et d’ un « fighting spirit »(comme l’ ont d’ ailleurs souligné les dirigeants du HRC dans leur hommage) hors normes .
De toute façon pour lui, comme il me le confiait l’ an dernier en grignotant au soir d’ un Gp à Donington, où il avait stupéfait tout le monde en sauvant des points suite à une chute au guidon d’ une machine dont les bracelets tordus la rendaient théoriquement inconduisible , « je veux réussir en GP et puis pour un ado la vie est beaucoup plus facile ici que dans la société japonaise avec le poids de tous ses codes » .Des moments au calme , où on pouvait entrevoir d’ autres facettes de la personnalité de Shoya .
C’est cette détermination sans faille qui suite au fameux nuage du volcan lui fera prendre pour rentrer du Japon jusqu’ à 8 vols différents pour finir en fourgon jusqu’ à Alès afin d’ arriver à temps à Jérez pour le Gp d’ Espagne 2010 : simplement normal pour un pilote professionnel , Shoya tout sourire dés son arrivée dans le paddock n’ évoquera même pas son périple , c’ est Alain Bronec qui nous en fera le récit .
Toutes ses qualités qui le faisaient ne jamais rien lâcher et qui facilitèrent grandement son adaptation à la vie en Europe .
Ainsi , lorsqu’il débarque début 2009 de son Chiba natal ( une des grandes métropoles industrielles du Japon où il était né le 10 décembre 1990 ) pour rejoindre Alès , la base gardoise du Team Cip afin de disputer le Mondial 250 , le Team Manager Alain Bronec qui a œuvré pour sa venue après l’ avoir vu évoluer au Japon , a quand même quelques doutes , non pas sur le talent du pilote ( on n’ est pas vice-champion du Japon 250 à 17 ans par hasard) mais sur sa faculté d’ adaptation à la vie européenne , les exemples de pilotes japonais n’ ayant jamais réussi à s’ acclimater ...foisonnant .
Inquiétude bien vite levée , notre petit japonais est curieux de tout , souhaite tout goûter , s’ adapte à vitesse grand V à la nourriture et aux us et coutumes locaux , au point comme le confiait encore Alain Bronec ce week-end au Mans à notre rédac-chef (et alors que Shoya venait de resigner avec le Team Technomag-Cip) d’ être littéralement adopté par tout le monde du côté d’ Alès .
De même , ce passionné de basket US(« mais je risque d’ être pénalisé par mon gabarit ») fait des efforts méritoires pour apprendre le français même si ce qu’ il assimile le plus vite au contact de Franck Gallou son mécano ce sont les divers jurons français et européens , au moins il pourra répondre si on l’ attaque . Il en use avec le sourire d’ un môme qui sait « que c’est pas bien » .
L’ anglais restait donc le canal le plus utilisé pour deviser avec Shoya , un anglais qu’ il pouvait utiliser en roulant les R façon Rossi comme pour rassurer sur son état de santé après un gros volume à Mugello lors du GP 250 2009 : « my body is OK , my bRRRain I don’t know »(« mon corps ça va , mon cerveau je suis pas sûr » , avec le doigt vissé sur la tempe pour désigner quelqu’un d’ un peu « frappé » . Le tout suivi d’ un grand éclat de rire !
Dérision encore , détermination toujours ; les dirigeants du HRC ne s’ y étaient pas trompés pour qui Shoya Tomizawa devait être le futur grand pilote japonais , celui qui devait succéder à Kato , nul doute qu’ on l’ aurait retrouvé très vite en Moto Gp . Le destin en a décidé autrement , Shoya n’ aurait donc été qu’ une météore dans le paysage de la vitesse mondiale , un tourbillon dont le charisme aura fédéré tout et tout le monde durant son trop court passage et dont on aurait voulu que jamais il ne s’ arrête :
Non , Shoya car tu seras à jamais dans nos cœurs et je sais que tous ceux à qui tu as donné du bonheur aujourd’hui dans la peine sauront entretenir ta flamme !
Ciao Shoya San !
48 For Ever
Aux parents de Shoya Tomizawa , à tous ses proches et notamment à tous les membres du Team Technomag-Cip , à Alain , à Gilles , à Fred , à Domi , à ses mécanos , à Franck , à Noby , à Valentin Debise et ses parents , à tous Cybermotard dit : Courage !
P .S : Sur le site officiel du moto-gp un espace est dédié à ceux qui souhaitent adresser un petit mot à ses proches .
Shoya Tomizawa (10/12/1990-05/09/2010)
Team Technomag-Cip
vice-champion du Japon 250 2008
17eme GP 250 2009 ( Honda)
1er Vainqueur au Qatar d’ un GP Moto 2 2010
2 poles position ( Jerez , Brno )
6eme au provisoire avant Misano
Christian Coueille