Side-car au Mans : La victoire pour Delannoy/Rousseau, l’exploit pour Guignard/Poux

On n’avait pas revu Jonathan Huet en piste en 2014. Seul Sébastien Arifon avait assuré quelques intérims pour Philippe Lebail et Thierry Laforest. On se souvient que cet équipage avait contesté jusqu’au bout la victoire lors du championnat 2013 à Sébastien Delannoy - 9 titres de champion de France, une pointure mondiale, alors associé à Sébastien Lavorel- en remportant 4 courses. Du jamais vu. Certainement que notre équipage Huet/Arifon pensait faire mieux au Mans. Ils ne sont pas du genre à se contenter de la deuxième place. On attend avec impatience Nogaro…Il faut souligner que Jonathan a piloté dans la douleur car son pied droit a heurté un slider qui traînait sur la piste lors des essais…

Un pilote, Gérald Causse, totalement inconnu en FSBK, néanmoins champion VMA (sides anciens), une seule apparition pour le passager, Freddy Lelubez, c’était à Lédenon en 2014, ils ont frappé fort d’entrée en réalisant le deuxième chrono de la séance libre du vendredi derrière Delannoy/Rousseau mais devant tout le gratin du side français sur leur F2 Baker Honda. Certes, c’était sur piste très mouillée où généralement les F2 sont plus à l’aise que les surpuissants F1. N’empêche l’exploit est là. Ils n’ont cessé de confirmer par la suite avec le 3è chrono des essais le dimanche. Ils sont même montés sur le podium F2 dans la course qui a suivi.

Sur la plus haute marche, on retrouve Sébastien Delannoy et Kévin Rousseau, sur la seconde, Jonathan Huet et Sébastien Arifon, et sur la troisième, les héros du jour, Rémy Guignard et Frédérique Poux qui ont accompli l’exploit de devancer des sides F1 avec leur side (français) F2 SGR Honda. Seuls Franck Lelias et Estelle Leblond avaient réussi cet exploit auparavant.
Kévin, également pilote Pirelli, a fini la course des Superstocks/Pirelli du samedi à la troisième place dans sa catégorie et sera donc monté trois fois sur le podium ce week-end. Qui dit mieux ?

Toujours aussi impressionnante l’arrivée des sides dans le Dunlop au premier tour où l’on arrive très vite pour enchaîner le freinage puis la chicane avant de plonger vers le virage de la chapelle. Sur notre photo, on reconnaît Delannoy/Rousseau(1) cette fois-ci bien partis, Huet/Arifon (56), Moreau/Gadet (51), Causse/Lelubez (161), Leblond/Garnish (108), JeanMichel et Maxime Oliger (696) etc… Cette course a été remportée par Delannoy/Rousseau devant Huet/Arifon. Pour la 3è place, Lebail et son passager Chaigneau qui retrouvait la compétition après son accident de Nogaro l’an dernier devançaient Moreau/ Gadet qui auraient préféré une piste sèche.

Toujours à l’attaque, Causse et Lelubez ont connu une petite frayeur au virage du raccordement lorsque leur side s’est mis en travers après qu’ils aient roulé sur la partie "synthétique" de la piste pour filer vers le mur. Heureusement plus de peur que de mal, néanmoins cette mésaventure leur a coûté quelques places. Ils finissent 12è de cette course disputée le samedi.

Ils ont réalisé la pole position le dimanche matin qui les mettait en première ligne pour la course du midi. Car avec le nouveau format des courses du championnat 2015, chaque séance d’essais détermine la place sur la grille de départ pour la course du jour, une bonne idée afin d’augmenter l’attractivité des essais. Sur leur LCR Suzuki, ils ont devancé Delannoy/Rousseau et les très surprenants Causse/Lelubez. On notera que Huet/Arifon comme la moitié du plateau, utilisent les amortisseurs Shock Factory fabriqués par le britannique Mike Capon, ex-passager de Delannoy, champion de France 2004. Donc un homme de terrain !

La sympathique britannique Anne Garnish est venue au Mans comme passagère de François Leblond. Elle a découvert le circuit, qu’elle a apprécié, mais nettement moins la météo calamiteuse du week-end. C’était aussi l’occasion de valider les deux courses qu’il faut avoir terminées en 2015 (et 4 en 2014) pour s’engager au Tourist Trophy, où, comme l’an dernier elle sera dans le panier de François Leblond. Mission remplie.

Ils disputeront tout le championnat side-car de France et, avec le nouveau règlement FFM, pourront y marquer des points. Ils sont les fils d’illustres pilotes suisses de la grande époque, c’est à dire quand les sides étaient totalement intégrés aux GP moto, quand le GP de France side passait sur la Une en direct, quand il y avait de l’argent, des sponsors et des pilotes pros. Un autre monde…
A gauche, Lukas Wyssen, 22 ans, pilote et fils du pilote Tony Wyssen, lequel courrait avec son frère Kilian. A droite, son passager, Thomas Zurbrugg, 24 ans, fils de Alfred Zurbrugg, lequel courrait également avec son frère Martin ! On aime courir en famille chez les Suisses puisqu’il y eut également les frères Egloff et les frères Güdel. Ils découvrent totalement la compétition. Au Mans, ils ont fait mieux que de se débrouiller puisque qu’ils terminent deux fois huitièmes. Pour l’anecdote, un certain Rolf Biland, la légende du side-car, huit fois champion du monde, les coache.

Au Mans ils ont couru avec les moyens du bord, ou plutôt sans moyens. Ils ont roulé avec des pneus hors d’âge, donc il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Leurs 5è et 9è places en course ne reflètent pas leur vrai valeur. C’est bien dommage pour cet équipage qui avait fini la saison 2014 à la 3è place. Comme beaucoup de sides (et de solos), ils ne pourront assumer une saison entière et courront à la "carte". Ainsi, ils ne seront pas présents au Mondial side au Mans comme l’an dernier, mais on devrait les revoir à Nogaro, qui est leur jardin.

Burn et motricité, des mots qu’on a beaucoup entendus dans le monde des sides F1 tant la puissance avait du mal à passer sur la piste en ce pluvieux week-end au Mans. Franck Berrodier, le passager de Jean François Guigue peur de rien, ancien crossman, , a trouvé la solution en chargeant au maximum l’arrière. Fallait oser dans la longue ligne droite des stands.